Origine et histoire du Séminaire
L'ancien séminaire de Bayeux, aujourd'hui appelé « centre Guillaume-le-Conquérant », se situe dans le centre de Bayeux, sur la rive droite de l'Aure, dans le département du Calvados, et abrite la tapisserie de Bayeux. Il occupe une surface au sol de 5 000 m², à laquelle s'ajoutaient autrefois d'importants jardins au nord. L'édifice date de la fin du XVIIe siècle et du XVIIIe siècle et a été construit sur l'emplacement de l'ancien prieuré des chanoines réguliers de Saint-Augustin, chargés au XIIIe siècle de la gestion de l'Hôtel-Dieu. Les religieux conservèrent la jouissance du prieuré jusqu'en 1675, date à laquelle le dernier prieur remit son titre à Mgr François de Nesmond, qui transféra ensuite les biens au séminaire nouvellement fondé grâce aux libéralités du chanoine Gilles Buhot. François de Nesmond posa la première pierre en 1693 ; l'édifice initial adopte alors une structure en fer à cheval déployée autour d'une vaste terrasse. L'architecte a tiré parti d'une déclivité naturelle pour faire surplomber le bâtiment à une cour quadrangulaire entièrement close, percée d'un portail monumental dans l'axe. De style classique, le séminaire présente une ordonnance sobre en accord avec l'esprit de la Contre-Réforme : trois niveaux couronnés de combles dont les lucarnes rythment les façades, des jambages en pierre de taille prolongeant les ouvertures depuis la corniche et des bandeaux marquant chaque étage. Le corps principal comprend un pavillon central légèrement en retrait, surmonté d'un attique maçonné encadré de volutes et d'un fronton sans ornement. Au rez-de-chaussée, la baie centrale qui abrite la porte d'entrée est pourvue d'un encadrement bosselé, de pilastres et d'un fronton saillant orné des armoiries de l'évêque. Sous l'Ancien Régime, le séminaire fut confié aux lazaristes ; il ferma en 1792 puis fut rétabli en 1806, faisant l'objet de restaurations sous l'épiscopat de Mgr Brault et d'agrandissements sous celui de Mgr Dancel, dont l'aile sud qui fait face à la chapelle médiévale. Réquisitionné pendant l'occupation le 26 juin 1944, il fut mis à disposition des autorités de la France libre et accueillit fin juillet un hôpital temporaire baptisé « hôpital militaire Robert-Lion », en hommage au médecin du 1er bataillon de fusiliers marins commandos mort le 6 juin 1944 lors du débarquement. Après la guerre, il retrouva sa vocation de lieu de formation des prêtres du diocèse de Bayeux et Lisieux jusqu'en 1969, date du transfert du séminaire à Caen. La chapelle, dernier vestige du prieuré d'origine (XIIIe siècle), est classée au titre des monuments historiques depuis 1862 ; les façades, les toitures de l'édifice de la fin du XVIIIe siècle et l'escalier monumental intérieur en bois avec sa rampe à balustres sont inscrits depuis le 26 mai 1977. Après une décennie de déprise, la ville de Bayeux acquit l'ancien séminaire et entreprit d'importants travaux pour y installer la bibliothèque municipale et le musée de la tapisserie, ouverts au public en 1983. Aujourd'hui, le bâtiment est entièrement destiné à la présentation du trésor médiéval dans une galerie en U spécialement aménagée et reçoit entre 350 000 et 400 000 visiteurs par an, se classant parmi les sites les plus visités du Calvados, loin derrière les plages du débarquement mais presque à égalité avec le Mémorial de Caen. Parmi les séminaristes célèbres ayant fréquenté l'établissement figurent Jacques Clinchamps de Malfilâtre (1732-1767), Léon Thomine Desmazures (1804-1869), Arthur Xavier Ducellier (1832-1893), Germain Morin (1861-1946), Prosper Alfaric (1876-1955), Eugène Cardine (1905-1988), Gaston Poulain (né en 1927), Hippolyte Simon (1944-2020) et Michel Santier (1947-2007).